Affaire de nature sexuelle au département de Loir-et-Cher ? Une plainte en cours de préparation

SWEET FM
Christina Brown, écartée de la majorité, mais aussi de sa fonction de secrétaire départementale des
Crédit : Nicolas Terrien

30 décembre 2020 à 18h06 par Nicolas Terrien

Après avoir dénoncé publiquement les agissements de nature sexuelle d'un élu du Conseil départemental de Loir-et-Cher à son encontre, Christina Brown s'exprime.

Une bombe. Encore une, après l’affaire de l’enregistrement sonore réalisé à l’insu de Nicolas Perruchot lors d’une réunion de majorité en septembre. Sauf que cette fois, les faits sont d’autant plus graves qu’il s’agirait d’actes de violences à caractère sexuelle à l’égard de femmes élues, Christina Brown (conseillère départementale de Selles-sur-Cher) et Isabelle Gasselin (Conseillère départementale de Sologne) qui s’expriment aujourd’hui, et peut-être d’autres. Un avocat a été saisi et une de plainte est en cours de constitution. Entretien.

Dans un communiqué daté du lundi 19 octobre, vous parlez de "pratiques peu orthodoxes" et de "comportements machistes, virulents et même violents vis-à-vis des femmes" en visant un de vos collègues élu et un silence de l’exécutif... Que dénoncez-vous exactement à travers ces propos ?

Christina Brown : Pour moi, ça s’est passé il y a cinq ans. J’étais une jeune élue et je ne savais pas comment faire et comment en parler au sein de cette assemblée. Je n’ai pas osé. J’avais alerté Nicolas Perruchot qui était alors premier vice-président, d’autant qu’il y a eu un autre fait envers ma suppléante. Ainsi, quand Isabelle Gasselin m’a contactée pour un fait survenu le 28 août dernier, tout est remonté. J’ai rencontré Nicolas Perruchot le 2 septembre, et depuis rien n’a bougé ! Et j’apprends maintenant qu’il aurait saisi le procureur il y a dix jours. Soit un mois et demi après les faits.

Une réaction trop tardive selon vous ?

Je n’incrimine pas du tout Nicolas Perruchot qui a été suffoqué en apprenant ces faits. Il avait alors dit que cette personne ne mettrait plus les pieds au département et qu’elle ne le représenterait plus à l’extérieur. Mais il s’avère que cette personne est toujours là et qu’elle poursuit la représentation, donc rien n’a changé ! Certes, il s’agit d’une affaire personnelle, mais qui est arrivée dans le cadre de l’exercice de notre mandat d’élue, à Isabelle Gasselin et à moi-même, ainsi qu’à deux autres élues départementales qui ont aussi été victimes de gestes déplacés et ma suppléante ! Ça commence à faire du monde !

Victimes de la même personne ?

Exactement, de la même personne. Nous ne sommes donc pas que deux. D’autres personnes sont concernées, et peut-être même d’autres que l’on ne connaît pas. C’est pour cela que Geneviève Bararban dit qu’elle ne s’est aperçue de rien (La Nouvelle République du 21/10/20). Elle ne siège pas dans notre groupe et nous n’en avons pas parlé à l’extérieur de la majorité. Mais ces faits existent bien ! (contactées par Sweet FM ce mercredi, Monique Gibotteau -Vendôme- et Catherine Lhéritier -Vallée de la Cisse- disent n’avoir jamais eu vent de tels agissements au sein de la majorité départementale, ndlr).

Dans ce cas, pourquoi ne pas encore avoir déposé plainte ?

Déjà, ce n’est pas simple. A l’époque, personne ne m’avais suggéré de porter plainte, et plus le temps passe, plus vous êtes embêtée, surtout en tant qu’élue. C’est pour cela que j’ai aidé Isabelle. Nous sommes allées voir un avocat, et une plainte est en cours.

Les deux autres élues de la majorité concernées se joindront-elles à votre plainte ?

Je ne sais pas, mais elles seront de toute façon citées dans la plainte et elles seront certainement obligées de témoigner. Il faudra laisser la justice suivre tranquillement son cours. Cela va donc prendre du temps. Pour le moment, c’est notre avocat qui s’en charge.

Dans cette affaire, certains y voient un règlement de compte politique, après votre éviction lundi du groupe de la majorité "Union pour le Loir-et-Cher" (UPLC)...

Dans tous les cas, de ma part, pas du tout. Il y a des choses qui gênent encore et dont on a du mal à parler. Sur mon éviction, on ne m’a donné aucune explication. Mais c’est vrai que je n’en ai pas demandé, vu ce qui se passait depuis un mois et demi. Une partie de l’exécutif était au courant, personne n’est venu nous en parler. Et puis j’apprends que Nicolas Perruchot a fait cette démarche auprès du procureur il y a dix jours, suite à ces propos qu’il a tenu lors d’une réunion... En fait, tout est mélangé !

Pour expliquer votre exclusion de la majorité, l’UPLC parle de "rupture de confiance". Ne vous soupçonne-t-on pas d’être l’auteure de l’enregistrement pirate de Nicolas Perruchot ?

Je n’en sais rien. On ne m’a rien dit. Mais si tel était le cas, je tiens mon téléphone à disposition. En aucun cas je suis l’auteure de cet enregistrement. Peut-être qu’il faudrait se poser la question : à qui profite le crime ? Pour ma part, je n’ai pas l’intention de devenir présidente du Conseil départemental. Quel intérêt aurais-je eu à faire cela ?