Les espoirs de belles récoltes... gelés en Loir-et-Cher

SWEET FM
Même les dispositifs antigels sont restés inopérants
Crédit : Nicolas Terrien

Publié : 15 avril 2021 à 12h26 par Nicolas Terrien

Un début avril estival suivi par un froid nocturne quasi polaire : un enchaînement climatique tragique pour les viticulteurs et arboriculteurs du Loir-et-Cher... qui attendent encore d'évaluer l'étendue exacte de la catastrophe.

C’est une importante masse d’air froid venu du Pôle Nord qui s’est abattue sur la France la semaine dernière, succédant à une vague de chaleur inhabituelle début avril qui a tiré les bourgeons de leur torpeur hivernale... pour mieux les anéantir ! Le côté exceptionnel de cet événement climatique, c’est ce froid mordant relevé aussi bien au sol que dans l’atmosphère, si bien que les tours antigel sont restées sans effet, tout comme ces braseros allumés dans tous les vignobles de France magnifiant une tragédie en marche : "En Loir-et-Cher, 95% du vignoble a été touché, soit 6 200 hectares, avec des taux de gel qui vont de 50 à 100% selon les parcelles" explique Arnaud Bessé, le président de la Chambre d’agriculture. Ainsi, ce sont 380 vignerons qui sont certains de déplorer des pertes de récolte, "mais il faudra attendre la mi-mai pour les évaluer, car la vigne est pleine de ressources".

Arnaud Bessé

Le triste souvenir de 1991

Cyril Sevin a connu six vagues de gel en douze ans d’exploitation de son domaine viticole sur l’AOC Cheverny à Mont-près-Chambord. Il a perdu 90% de sa récolte en 2012, 60% en 2013, puis encore 90% en 2016 et 2017 : "Si je n’avais pas été assuré, je ne serais plus là" reconnaît cet ancien enseignant parisien reconverti dans la vigne en 2005. Dans ses parcelles, les températures nocturnes et matinales ont oscillé entre -5 et -7°. "Mais subir un fond froid comme celui de la semaine dernière, c’est une première" explique Cyril Sevin en s’appuyant sur des témoignages d’anciens vignerons voisins "qui n’ont vu ça qu’une fois dans leur carrière". Les mémoires de la viticulture locale comparent cet épisode à 1991, année noire et millésime quasi-oublié des amateurs.

Cyril Sevin

L’arboriculture et le maraîchage aussi

La vigne n’est pas la seule culture à avoir subi les effets dévastateurs du gel. "La situation de l’arboriculture est comparable à celle de la viticulture" déplore Arnaud Bessé. Les pommiers et les poiriers ont souffert en Loir-et-Cher, avec des observations contrastées selon les variétés, mais toujours sur l’échelle de la gravité de la situation puisque 80% des vergers sont atteints chez une vingtaine de producteurs-. Les asperges, dont la saison démarre actuellement, ont vu leurs premières pousses geler. Toute une semaine de production a été perdue. Autre produit phare en Loir-et-Cher : la fraise. Quelques gels ont été observés, mais sans trop d’incidences, même si un producteur de Sologne a perdu deux hectares de fraises au sol. La Chambre d’agriculture a remis en place son numéro d’accompagnement, le 02 54 78 75 75.

Arnaud Bessé, président de la Chambre d'agriculture de Loir-et-Cher © Nicolas Terrien