Partis pour une croisière ferroviaire entre Berry et Maine

Le train était tractée par une locomotive de 1956 entièrement restaurée à Gièvres.

Modifié : 8 avril 2025 à 18h53 par Nicolas Terrien

Un train ancien tracté par une locomotive de 1956 s’est élancé sur les rails de nos régions ce samedi 5 avril. L’idée ? Rallier Vierzon au Mans via Gièvres, Saint-Pierre-des-Corps et Château-du-Loir. Immersion dans un monde de passionnés de matériels roulants.

Il est encore tôt ce samedi matin, lorsqu’en gare de Vierzon, une agitation inhabituelle anime le lointain quai n°11. En chasubles orange, les membres de l’association APPMF orientent déjà les chanceux passagers de ce voyage un peu particulier. Lorsque se profile, dans le soleil levant, la star du jour : une locomotive CC65512 de 1956 tirant des wagons tout aussi vénérables. "C’est une locomotive acquise par l’association en 2017, et que nous avons restaurée. Après des phases d’essai, c’est son premier parcours avec des voyageurs" s’enthousiasme Pierre Henoch, vice-président de l’asso. A quai, François, le chef d’escale en gare de Vierzon apprécie le spectacle : "Je suis un passionné moi-même, et ce n’est pas tous les jours que je donne le départ pour ce type de train".

Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :
Le train était assisté d'un locomotive SNCF, juste au cas où...

Des rails qui serpentent le long du Cher

8h39. François donne du sifflet. Le départ est amorcé et les 2 000 chevaux de la loco se font entendre, déchainant les fonctions photo des smartphones des voyageurs du quai d’en face, en attendant leur TER pour gagner Bourges. Quinze minutes plus tard, un premier arrêt est marqué en Loir-et-Cher, en gare de Gièvres, puis les paysages de la vallée du Cher défilent par la fenêtre... La gare de Selles-sur-Cher, les tunnels de Montrichard... Les yeux les plus exercés auront même pu apercevoir au loin les parties supérieures du château de Chenonceau régnant avec majesté sur le Cher lui-même. Et les paysages de Touraine se déploient à une vitesse douce de 80 km/h. A 10h25, le train "pas comme les autres" s’annonce en gare de Saint-Pierre-des-Corps.

Trois étapes entre Vierzon et Le Mans : Gièvres, Saint-Pierre-des-Corps et Château-du-Loir.

Vivre le moment entre passionnés

En gare, Alain assure le rôle de gardien de porte. Et oui, dans les années cinquante, elles n’étaient pas automatiques... "C’est un voyage exceptionnel ! C’est la première fois que la locomotive sort depuis qu’elle a été reprise par l’association". Et dans les couloirs du train, on ne cesse de s’écarter pour ne laisser passer quasiment que des mordus de patrimoine ferroviaire. Comme ce jeune homme, n’hésitant pas à se risquer un peu pour vivre le moment : "Je sors la tête par la fenêtre, et je me prends les courants d’air !". A 25 ans, Axel est un passionné de trains : "Ça me vient de mon arrière-grand-père" explique le Nantais qui "n’a pas les mots" pour expliquer ce qu’il ressent, notamment lorsque le train traverse la Loire à Tours pour prendre la direction de la Sarthe.

Une arrivée très remarquée en gare du Mans...
Pierre Henoch de l'APPMF au micro de Nicolas Terrien :

Du Cher à la Sarthe par le rail

A 11h25, la première étape sarthoise est Château-du-Loir. L’ambiance est plus bucolique qu’aux abords de la capitale de la Touraine. Les 210 voyageurs du train en profitent pour descendre se dégourdir les jambes, et remonter l’attelage jusqu’à la vénérable machine qui jusque-là, a bien joué son rôle ! Et à 12h55, le train entre en gare du Mans : "Terminus !" s’écrie Alain, mais personne n’a vraiment envie de descendre ! Toujours est-il que la rame vintage ne passe pas inaperçue parmi les voyageurs descendant de leur TGV ou montant dans leur TER. De nombreux photographes et curieux sont concentrés sur le quai n°7 de la station mancelle. Et c'est parti pour deux heures d’arrêt, alors que le train est momentanément orienté vers des voies de service, sous les objectifs de curieux toujours bien placés.

A l'arrivée au Mans, rencontre avec une famille berruyère...

Une famille berruyère en balade

Parmi les 210 voyageurs, il y a déjà cet important groupe de 80 anglais qui vit pleinement l’événement. Il y a aussi Christiane et Fabien qui viennent de Bourges : "C’est monsieur qui est le passionné de vieux trains" prévient d’emblée madame, accompagnée de ses enfants, Timéo, 14 ans et Louis, 7 ans. Si le cadet "a dormi une bonne partie du voyage", son grand-frère, lui, a apprécié quelques caractéristiques de ce drôle de train, "notamment là où on loge, les compartiments ", même s’il a trouvé le trajet un peu long. Fabien, lui, concède sa passion qui lui rappelle l’enfance : "Dès que l’on peut, on essaye de se faire des voyages dans des vieux trains". A 15h, il est temps d’envisager le retour. Direction Vierzon par les mêmes voies, en appréciant au passage les jours qui rallongent. Et l’aboutissement d’années de travail pour les bénévoles de l’association APPMF de Gièvres...