Arnaud Garcia : "Je me laisse pousser la barbe jusqu’à ce que les tueurs de mon fils soient arrêtés"

Père d'Arnaud Garcia

12 septembre 2024 à 18h13 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

Presque quatre mois après l’attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l’Eure, au cours de laquelle deux agents normands ont été tués, le père de l’une des victimes a décidé de ne plus se raser la barbe, tant que les auteurs des faits n’auront pas été interpellés, en signe de protestation.

Depuis le 1er août 2024, Dominique Garcia ne se rase plus la barbe. Ce jour-là, Arnaud, son fils unique, aurait dû avoir 35 ans. "Aurait dû", car cet agent pénitentiaire a été tué d’une balle dans la tête, le 14 mai dernier, dans l’Eure au péage d’Incarville, tout comme son collègue, le père de famille Fabrice Moello, lui aussi Calvadosien, lors de l’évasion du détenu multirécidiviste originaire de Rouen Mohamed Amra. Abattus par des hommes lourdement armés, qui après les coups de feu, ont pris la fuite. Ils sont toujours dans la nature. "Je me laisse pousser la barbe jusqu’à ce que les malfaiteurs soient arrêtés. Un signe de protestation" explique le papa. "La colère s’estompe malgré tout par rapport aux premières journées. Mais, comme je le dis, je veux voir la tête du gars qui a tué mon gamin. C’est tellement facile de tirer sur un gars assis dans un véhicule avec la ceinture et une balle en pleine tête" se confie Dominique Garcia lorsque nous le rencontrons dans son bureau à la mairie de Blangy-le-Château, là où il est adjoint au maire, commune dans laquelle une rue sera renommée au nom d’Arnaud Garcia, l’an prochain.

Dominique Garcia :
Arnaud Garcia

Des échanges avec Emmanuel Macron

Dominique Garcia, qui a toujours une pensée pour son fils, avec qui il partageait deux passions communes -le foot et la moto- va bientôt devenir grand-père. La femme d’Arnaud devrait accoucher d’une petite fille fin octobre, début novembre. Peut-être que d’ici-là les auteurs de l’attaque du fourgon pénitentiaire d’Incarville auront été retrouvés. "Le 14 juillet, à Paris, le Président de la République m’a dit : "l’enquête avance. D’ici deux mois, on les aura interpellés". Ce à quoi je lui ai répondu : "Ça fait deux mois que vous me dites la même chose". Ce n’est pas une critique. Je sais qu’il va tout faire pour, il est honnête. Mais, je sais qu’on ne peut pas réaliser de miracle. Il y a d’autres criminels qu’on n’a jamais retrouvés. Je ne vois pas pourquoi là ça serait différent" estime cet ancien gendarme, qui fait confiance aux enquêteurs. Quoi qu’il arrive maintenant, la vie ne sera plus comme avant. "Tous les jours, j’ai la tête à Incarville, j’écoute aussi la radio et je regarde la télé. Les médias pourraient nous annoncer quelque chose...".

Dominique Garcia :
Bientôt une rue Arnaud Garcia à Blangy-le-Château

"Mohamed Amra ne devait pas sortir de prison"

Dominique Garcia, qui a décidé de faire appel à un avocat, le répète inlassablement : "Mohamed Amra ne devait pas sortir de la maison d’arrêt d’Evreux. On n’a pas pris les dispositions qu’il fallait connaissant ses antécédents judiciaires même si on dit que l’administration pénitentiaire ne savait pas. Expliquez-moi pourquoi huit jours avant le drame, mon fils avait effectué ce même transfèrement, cette même extraction avec une escorte de police supplémentaire. Quelques jours plus tard, Mohamed Amra fait une tentative d’évasion dans sa prison en sciant les barreaux. Deux jours après, on l’extrait pour aller au tribunal et là il n’y a pas de policiers. A qui la faute ? Ce transfèrement avait été demandé avec des renforts. La personne qui a refusé cette demande doit s’expliquer. Pourquoi cette décision ?". Le père d’Arnaud ajoute : "Il faut développer les visioconférences pour des auditions à distance. Amra les refusait, il préférait les confrontations physiques et donc les déplacements. Ce n’est pas logique. Le gars fait des conneries, il est en prison et c’est encore lui qui commande la justice. Peut-être qu’avec cette affaire l’Etat va prendre conscience de certaines choses".

Dominique Garcia :

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