Quand le rhinocéros colonisait le Loir-et-Cher
18 octobre 2024 à 12h29 par Nicolas Terrien / crédit photo : MOB
En marge d’un vaste chantier dans le sud du Loir-et-Cher, un important gisement de fossiles du paléolithique a été découvert le 11 octobre. Mais l’équipe de chercheurs de la région qui a déjà fait de belles trouvailles est maintenant lancée dans une véritable course contre la montre.
C’est le "MOBE", -pour "Muséum d'Orléans pour la biodiversité et l'environnement"- qui a officialisé la découverte ce jeudi 17 octobre. "Un site paléontologique d’une grande valeur a été mis au jour dans le sud du Loir-et-Cher", annonce-t-il sans plus de détail sur le lieu exact de la découverte... par crainte des pillages : en effet, "à la différence des vestiges archéologiques, ceux qui relèvent de la paléontologie ne sont pas protégés par la loi" explique Laure Danilo, la directrice du musée orléanais. Ce que l’on sait, c’est que le site a été mis au jour lors d’un diagnostic archéologique mené par l’Inrap, en amont de la réalisation d’un site industriel sur un terrain de douze hectares, révélant des fossiles de grandes tailles. Les pièces ont été immédiatement extraites par les archéologues qui ont fait remonter toutes ces infos aux paléontologues qui en ont informé le "MOBE".
La course contre le temps qui passe...
Le site révèle déjà de nombreux restes fossilisés de rhinocéros qui vécurent dans nos contrées il y a... vingt millions d’années. "On savait déjà qu’il y avait du rhino fossiles de vingt-trois millions d’années dans le calcaire de Beauce, mais on ne savait pas qu’il en existait de plus récents dans les sables de l’orléanais" explique Jocelyn Falconnet, chargé des collections paléontologiques au "MOBE". C’est précisément ce qui fait l’intérêt de ce site, fouillé pour l’heure à 80 centimètres de profondeur : "Nous avons aussi trouvé un petit fragment de ruminant de la famille des cervidés ou des bovidés, voire des girafes, mais aussi des fragments d’un éléphant !". Autant d’éléments trouvés non dans des sables, mais dans des argiles qui correspondent à un environnement particulier, selon Jocelyn Falconnet : "sans doute un gouffre où ces restes d’animaux se sont accumulés et mélangés avant d’être fossilisés".
Et la course contre le temps qu'il fait !
Et c’est une certitude, il reste encore beaucoup d’éléments à découvrir : "Des pièces encore indéterminées doivent être dégagées de la roche pour être précisément identifiées" explique le chercheur orléanais, également en lien avec des spécialistes des muséums de Bourges et de Châteaudun. Mais le temps presse : "L’autorisation de fouille se termine dans quelques jours, et un projet industriel menace de détruire ces précieux fossiles si leur extraction n’est pas effectuée à temps" alerte le "MOBE" dans son communiqué. Dès ce mardi 15 octobre, quatre spécialistes ont rassemblé des informations nécessaires à la sollicitation de la poursuite des fouilles intensives dans les jours qui viennent. De plus, la météo n’aide pas. Dans la matinée de ce vendredi 18 octobre, les sols étaient détrempés et les tranchées creusées se retrouvaient sous 80 centimètres d’eau. Mais l’intérêt scientifique du site semble tel qu’il serait difficile d’imaginer la destruction de fossiles qui ont mis plus de vingt millions d’années à parvenir jusqu’à nous...